Projection dans le cadre de la Journée des droits de l’homme

À l’occasion de la Journée des droits de l’homme, l’Espace interculturel de Sierre projette depuis plusieurs années déjà un film de fiction ou un documentaire qui célèbre le droit au respect et à la dignité, ainsi que l’éloge de la différence.

Ce dimanche 8 décembre 2019 à 17h00 au cinéma Le Bourg, l’Espace interculturel présente un film qui traite avec humour et tendresse de l’aventure au quotidien d’un petit groupe d’enfants atteints d’un handicap mental qui vont s’ouvrir à la vie et au monde. “À l’école des philosophes” est un documentaire signé par le réalisateur suisse Fernand Melgar, qui sera présent lors de la projection.

Cette année, l’Association des Cinéphiles de DreamAgo se joint une nouvelle fois à l’Espace interculturel pour partager une belle expérience de vivre-ensemble avec des enfants pas comme les autres.

Synopsis
Cinq petites filles et petits garçons font leurs premiers pas dans une école spécialisée de Suisse romande. Ils sont tous atteints d’un handicap mental plus ou moins profond. Accompagnés d’une équipe de pédagogues et de thérapeutes persévérants, ils vont devoir apprendre à vivre ensemble. La classe va petit à petit prendre forme sous nos yeux et ce qui paraissait impossible au départ va se réaliser. Les élèves vont progresser envers et contre tout, au plus grand étonnement et bonheur de leurs parents.

« Vous n’avez pas besoin d’être handicapé pour être différent, car nous sommes tous différents. »

Daniel Tammet, écrivain et poète atteint d’autisme

Note d’intention du réalisateur

« Je suis père de trois enfants en pleine santé. Lors de chaque grossesse, leur mère et moi, nous sommes toujours posés la même question : « Et si notre enfant n’est pas normal, qu’est-ce qu’on fait ? » Malgré une crainte sourde et diffuse, c’est une question à laquelle nous n’avons jamais trouvé de réponse. C’est avec soulagement que nous avons accueilli la venue de chaque enfant quand la sage-femme nous annonçait : « Félicitations, c’est un beau bébé. »

Dans les semaines qui suivaient, au fur et à mesure du développement du nouveau-né, cette inquiétude s’évanouissait peu à peu, même si le risque d’un handicap mental caché n’est jamais exclu. La liste de ces difficultés est longue et effrayante : autisme, retards de développement, troubles du comportement, épilepsie, syndrome identifié ou non, etc. Nous éloignions vite ces mauvaises pensées pour nous extasier devant chaque pas de notre nouvelle progéniture.

D’autres n’ont pas cette chance. Les beaux sentiments qui accompagnent une naissance se transforment pour eux en une très grande souffrance, remplie de révolte et de tristesse. Un deuil commence, qui ne les quittera jamais, celui de l’enfant rêvé, car personne n’a jamais rêvé d’avoir un enfant handicapé.

Et pourtant, lorsque les parents d’un enfant mentalement déficient témoignent, nous les entendons aussi dire le cadeau que la vie leur a fait. Cet enfant différent les a transformés, leur a donné un autre regard sur l’humain, leur a enseigné la tolérance, la patience. Ce père et cette mère nous parlent de force, de persévérance, de combats sans répit, de petites et de grandes victoires.

Pour la majorité d’entre nous, ces paroles ont peu d’écho. Peu connaissent de tels enfants, à peine les croisons-nous dans un lieu public. Car la frontière qui existe entre nous est étanche ; d’un côté les bien-portants, qui constituent la norme, et de l’autre les handicapés mentaux considérés comme un groupe en soit, un genre, pour ainsi dire une humanité spécifique.

La marginalité n’est pas un choix, c’est une conséquence car les notions de norme et de catégorisation règnent aujourd’hui en maître. Nous assistons impuissants aux désastres qu’elles causent aux personnes nées du mauvais côté du hasard.

Les parents, enseignants, thérapeutes et assistants sociaux qui entourent ces enfants se battent quotidiennement contre l’idée de faire entrer chacun dans la norme. Leur but est de leur offrir les meilleurs soins, encadrements et enseignements pour qu’ils puissent évoluer au maximum de leurs capacités et accéder au simple droit à pouvoir être eux-mêmes. La plupart ont un formidable potentiel, souvent insoupçonné, mais le chemin est long et la majorité d’entre eux ne seront jamais indépendants.

Dans mon travail de réalisation, j’ai toujours cherché à mettre en lumière les marges de notre société, car je pense que ce sont elles qui nous définissent. L’inconnu dérange, mais l’expérience de l’autre est aussi source d’ouverture, de connaissance et d’évolution. Dans une société où la rentabilité et la force font légion, je veux donner à voir la place que la vulnérabilité et la fragilité ont dans toute vie et les ressorts nécessaires pour les surmonter.

Pendant une année scolaire, dans le cadre d’une école spécialisée en Suisse romande, j’accompagne cinq enfants au début leur scolarité. Sans interview ni commentaire, dans le style du cinéma direct que j’affectionne, mon regard se porte aussi bien sur leurs premiers pas à l’école que dans leur vie sociale et familiale.

L’idée de raconter au jour le jour la vie de ces jeunes enfants procède d’une volonté de confrontation et de prise de conscience. Le sentiment d’étrangeté que nous inspire leur existence, le regard qu’on leur porte et une mise à l’écart contribuent à rendre encore plus difficile le chemin de leurs projets et leurs rêves. Malgré nous, c’est un handicap supplémentaire qu’on leur inflige.

Avec comme seul critère la performance économique ou sociale, on ne peut pas accueillir comme il se doit toute vie humaine. Ces enfants devraient pourtant avoir le droit d’être comme ils sont. Ils ont un droit à la vie, un droit à une belle vie et doivent pouvoir faire partie de la société au même titre que n’importe qui.

Ce film les suit dans leur apprentissage, leurs réactions, leurs réflexions, dans toute leur spontanéité. Je leur donne la parole, les fais exister aux yeux du monde dans leur réalité quotidienne et complexe. Je veux faire partager à un public le plus large possible leur vie scolaire et familiale pour mieux comprendre ce qu’ils vivent et ce qu’ils ressentent.

Je souhaite contribuer, avec un cinéma sans artifice, à faire accepter ces enfants tels qu’ils sont, des enfants comme les autres. »

Fernand Melgar

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